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Impact à l'âge adulte des violences sexuelles subies dans l'enfance

Le 13 février 2020
Les violences sexuelles subies dans l'enfance gardent souvent un fort potentiel destructeur chez la personne adulte: toxicomanie, conduites à risque, troubles sexuels, somatisation ...Quels en sont les mécanismes, les conséquences, les réponses possibles?

Les agressions sexuelles commises dans l'enfance: quelques chiffres

Les affaires de pédocriminalité dans l'église, les agressions dans le milieu du sport, dans le monde artistique ou médiatique ont mis le focus sur cette question minimisée depuis toujours par la société. La parole se libère, et les témoignages des victimes qui ont le courage de parler des conséquences qu'ont eu ces violences sur leur vie, ne laissent plus d'autre choix que de regarder les choses en face :

155000 enfants seraient concernés chaque année ; 20% des femmes et 5% à 10% des hommes ont subi des violences sexuelles dans leur enfance ; Un agresseur sur quatre est mineur. Dans 94% des cas, l'agresseur appartient à l'entourage.


Les conséquences du traumatisme chez l'enfant

L'idée que les faits commis sur un enfant très jeune font moins de dégât est totalement erronée, car le traumatisme, évacué de la mémoire, ou partiellement "intégré" par l'appareil psychique, reste potentiellement actif.

L'enfant abusé présente souvent une modification de son comportement, des réactions de peur face aux adultes, ou au contraire une forme de familiarité inappropriée, il peut être pris dans un schéma agresseur/victime avec ses camarades, présenter des troubles des apprentissages, ou se réfugier dans un investissement scolaire excessif, des TOCS peuvent apparaître etc...Les symptômes sont donc nombreux et difficiles à décrypter.

Les mécanismes psychologiques à l'oeuvre :

L'adulte agresseur est généralement une personne considérée comme de confiance, ce qui augmente l'ascendance qu'il exerce sur l'enfant, jusqu'à lui faire croire qu'il bénéficie d'un privilège qu'il doit tenir secret.

Le traumatisme sexuel n'est pas obligatoirement provoqué par un événement unique et sidérant, comme dans le cas des attentats ou d'un accident ; il peut aussi résulter d'attouchements répétés.

Pour supporter ce qu'il ne peut ni comprendre ni assimiler, une partie de la conscience « disjoncte » 

Il s'agit d'un mécanisme de survie, qui prive la personne d'une partie de ses capacités, dans une tentative de préserver le reste (dissociation). La sidération se traduit par une paralysie physique (qui fournit à l'agresseur le fameux alibi du consentement ) et psychique. Cet état ne se lève pas forcément par la suite, car le phénomène d'emprise- maintient la victime dans ce statut et l'amnésie, totale ou partielle, empêche une véritable prise de conscience.

Quelle est la traduction biologique de l'agression sexuelle ?

On sait désormais que nos émotions, nos pensées, ont un réalité biologique et neurologique, c'est à dire qu'elles se traduisent par des activations ou des mises en veille de zones du cerveau, par des sécrétions d'hormones et de neuro médiateurs. L'amygdale cérébrale produit l'hormone du stress, le cortisol, pour fournir le carburant de la fuite. Mais le cortex frontal de l'enfant n'est pas toujours assez mature pour stopper ce mécanisme, si bien que même à distance de l'événement, la personne vit parfois un état d'alerte permanent. En réponse, le cerveau fait en quelque sorte disjoncter le circuit émotionnel à l'aide de neuro-transmetteurs produits par le cerveau et qui agissent comme des substances anesthésiantes, apparentées à des drogues « morphine like », qui provoquent un sentiment d'étrangeté, d'irréalité et distance émotionnelle. 

Les conséquences chez l'adulte

95% des adultes concernés qui ont été interrogés considèrent que les faits qu'ils ont subi ont eu des conséquences sur leur santé mentale et physique.

Les possibles manifestations d'indifférence apparente, découlant du phénomène de mise à distance, décrit ci dessus font que l'entourage ne perçoit pas forcément la souffrance masquée. Nombre d'entre eux ont développé des conduites addictives plus ou moins marquées et ont du mal à sortir de la dépression, dans certains cas le suicide a été l'issue irrémédiable à leur mal être permanent. Les maladies ou troubles psycho-somatiques sont légion.

Que peut faire l'adulte qui a subi des violences sexuelles dans l'enfance ? Quelle prise en charge psychologique ?

- Lever le secret : Les différentes affaires concernant la pédo-criminalité montrent à quel point il est important de se libérer en parlant, au risque parfois de rompre avec des proches qui se sont rendus complices par leur silence.

- la réponse pénale : Elle est libératrice, mais douloureuse et parfois impossible.

Une prise en charge psychologique, selon les cas, en deux temps :

- Lorsque le traumatisme est frappé d'amnésie partielle, il peut être nécessaire de passer par une phase de remise à nu des vécus et des émotions qui y sont liés (hypnose, EMDR)

- Suivi psychologique, psychothérapie: un travail de psychothérapie peut permettre de se réconcilier avec soi-même. Il permet de revisiter, d'apprivoiser les émotions, pensées, distorsions encore agissantes.

Psychologue à Lyon 4, proche de Caluire, je peux vous accompagner sur ce chemin. 

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